"LA CULTURE EN PARTAGE" avec
Frédéric MORIN architecte-conférencier

Comment protéger nos actuelles habitations et lieux de vie existants de l'inéluctable augmentation de la chaleur estivale à venir, pour maintenir notre perception personnelle du confort avec des moyens individuels, avec des moyens économes en énergie comme en finances ?
Comment protéger en été sans pour autant réduire les apports solaires hivernaux qui nous sont utiles pour diminuer nos factures énergétiques et financières ?
Voici quelques aménagements que vous pouvez réaliser chez vous à votre choix, à votre rythme et en fonction de vos capacités financières, sans aucune injonction morale : vous faites bien comme vous pouvez et voulez en fonction de votre perception personnelle du confort !

5) stocker la (de plus en plus rare) eau de pluie pour ralentir le cycle de l'eau (les stockages d'eau de pluie ne sont pas concernés par les Arrêtés Préfectoraux d'interdiction d'arrosage en cas de Crise)

=> à son usage personnel
- citerne souple (Texair) ou "dur" aérienne-PVC ou enterrée-béton => eaux des toitures
- "bassines » privées ou collectives agricoles (cf. Cram-Chaban + Piolenc)
- « nappes phréatiques artificielles » (cf. Réservoirs d'Eau Enterrés Pleins de Sable = REEPS à Madagascar + Beaumont/Aubenas-07)
=> au bénéfice collectif en rechargeant les nappes phréatiques
- MAR = Managed Aquifer Recharge (cf. puits de percolation à Bangalore)
- "jardins de pluie" infiltrants (cf. Bruxelles)
- parkings infiltrants (cf. co-voiturage à Crest)
- "bassins infiltrants" (cf. Vergers de la Tour)
- retenues collinaires (cf. Larzac) ou "impluviums" (cf. la Servelle)
- barrages au fil de l'eau sur les ruisseaux et rivières (cf. gorges d'Omblèze)
=> en limitant l'évaporation des étangs par du photovoltaïque flottant (cf. Piolenc)


STOCKER L'EAU DE PLUIE POUR ALIMENTER LES USAGES VITAUX POUR LA FLORE ET LA FAUNE (DONT L'HOMME) QUI MANGE LA FLORE DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT.

La vitesse du cycle de l'eau était ralentie par le froid (neige + glace) et la végétation (photosynthèse) :

Le réchauffement réduit le stockage des eaux par la neige et la glace, et réduit aussi le stockage des eaux par la végétation par l'assèchement d'importantes superficies : les déserts avancent plus qu'ils ne reculent. Lorsqu'elles tombent, les pluies ravinent davantage et retournent plus vite à la mer après avoir dévasté la terre.

En raison de différents facteurs dont les interactions sont telles qu'il est difficile de les classer par ordre d'importance --et bien inutile pour notre présent propos--, le cycle de l'eau s'accélère. Du fait du réchauffement climatique, l'évaporation des lacs, mers et océans augmente. Les précipitations semblent devenir plus capricieuses, et décrivent moins bien la tempérance du climat dont nous avons bénéficié durant les « 30 Glorieuses » par exemple : sécheresses à répétition entrecoupées d'orages cataclysmiques générant des inondations dévastatrices par exemple. La neige ne s'accumule plus sur nos sommets et ne constitue plus les réserves d'eau percolant dans nos nappes phréatiques jusqu'à la fin de l'été ; elle est remplacée par la grêle dans nos plaines agricoles.
Les infiltrations sont réduites, les écoulements souterrains sont réduits et accélérés, les ruissellements de surface accélérés, et la pluie qui tombe est trop rare en été pour n'être pas essentiellement absorbée par la végétation sans parvenir à recharger les nappes phréatiques : il faut donc s'en occuper de manière volontaire. En Inde les "puits à escaliers" = « Baoris » ou « Baolis » ralentissaient la circulation des apports de la mousson pour qu'ils pénêtrent dans les sols : soit il tombe trop d'eau et elle dévaste tout, soit il n'en tombe pas du tout, mais ce pendant 9 mois de l'année. Voici donc un exemple très récent à Jodhpur (Rajasthan) construit par les architectes Anu et Shilpa Mridul (Birkha Bawari d'une capacité de 17.500 m3) avant la réalisation de l'opération immobilière Umaid Heritage :

Pour plus de détails, voir :
http://frederic-morin-salome.fr/Mod-Mridul-2009.html

Cet aménagement collectif rendu obligatoire par la loi indienne peut être "remplacé" dans nos contrées par des stockages individuels moins onéreux, à l'image des citernes souples de stockage des eaux reçues par nos toitures, pour environ 500 euros pour 5 m3 (en 2022...). De telles réserves individuelles (ou éventuellement collectives = municipales par exemple) ne sont pas concernées par les arrêtés préfectoraux réduisant les arrosages, et permettent donc de conserver en vie les végétaux que nous avons plantés au chapitre 4 précédent :

Cet automne 2023 a été particulièrement arrosé en France, avec une pluviométrie moyenne de l'ordre de 23 cm /m² en un seul mois sur l'ensemble du territoire. Cette pluviométrie exceptionelle fait suite à une sécheresse générale non moins exceptionnelle en France avant, durant et après l'été 2023. Au cours d'une année qui sera certainement la plus chaude jamais enregistrée.
Si nous ne pouvons pas encore parler d'un climat de mousson car la régularité du phénomène est loin d'être assurée, on peut peut-être caractériser cette situation de météo de mousson.
Et l'exemple des réservoirs enterrés indiens mériterait qu'on y réfléchisse un peu mieux...

Il semble de plus en plus nécessaire de sécuriser le maintien en vie des plantations notamment municipales qui peuvent chaque été être menacées par les arrêtés préfectoraux d'interdiction totale d'arrosage même nocturne. Les stockages des eaux pluviales recueillies sur les bâtiments publics, mairies, écoles, églises... seraient judicieusement mobilisés dans ce but, à condition qu'ils existent et qu'ils soient connectés...

Désormais, n'est-ce pas avec un petit pincement au coeur que l'on voit nos rivères se gonfler à chaque orage alors qu'il est devenu indispensable d'utiliser plusieurs fois les eaux grises de nos cuisines ?
Retenir l'eau, l'utiliser plusieurs fois avant qu'elle ne retourne à la nature qui la transmettra à son tour aux différents usages en aval... voilà une solution plus durable que celle d'interdire les stockages en amont pour privilégier les prélèvements en aval.
Dans ce même esprit, les fonds de vallées était souvent coupés de petits barrages qui composaient des retenues collinaires conservant l'eau de ruissellement comme ici au Causse de Sauveterre, facilitant l'abreuvage des animaux :

Les Cartes de Cassini dressées au XVIIIe siècle témoignent de l'usage très répandu de ce type de réservoirs dont les fuites nourrissent les nappes phréatiques (il n'est pas judicieux qu'ils soient parfaitement étanches), et permettant en outre d'alimenter de nombreux moulins successivement installés sur les rivières, dont les biefs nourrissaient également les réserves souterraines = nappes phréatiques :
Soumis à un régime sévère depuis des siècles, l'Iran (altitude moyenne 1.375m) a développé sur ses hauts plateaux (souvent à plus de 1.500m d'altitude) une technique particulièrement ingénieuse de stockage de l'eau hivernale sous forme de glace : les yakhtchals (qui est aussi le mot utilisé en Iran pour désigner un réfrigérateur). La fonte progressive de la glace stockée alimente le système de canaux souterrains appelés qanats.
Ceci éclaire l'intéraction probablement mal perçue des qanats et des yakhchals : la régularissation du niveau des nappes phréatiques voir leur reconstitution par la fonte de la glace considérée sous la forme d'eau solide dont l'emploi est reporté dans le temps. De manière semblable à ce que la charge d'une batterie électrique entraîne une réaction physico-chimique interne, réversible au moment de la décharge lorsqu'on en a besoin pour démarrer le moteur de la voiture.
Le yakhtchal est un dispositif qui produit et stocke de l'eau hivernale qui est disponible, y compris pour recharger le réseau de qanats, plusieurs mois après l'hiver :

voir ces glacières iraniennes = YAKHTCHAL
http://frederic-morin-salome.fr/Iran-yakhtchal.html

Revenons dans des contrées moins extrêmes :

Par rapport à une citerne souple horizontale qu'il convient de protéger des agressions mécaniques même involontaires, l'encombrement est réduit et les travaux sont simplifiés par le choix d'une citerne rigide mais plus onéreuse : environ 350 euros (livraison incluse en 2023) pour 650 litres avec un format vertical de 50 x 80 x h=210cm :

Le stockage de l'eau des pluies hivernales pourrait alimenter les besoins estivaux : c'est du moins ce qui est espéré... si les volumes de stockage sont importants en proportion des emplois qu'ils soient particuliers, industriels, collectifs (urbains) ou agricoles :

Exemple de gros réservoir souple (environ 200 m3) à Léoncel (26) pour abreuver le bétail :

Exemple de destruction tout-à-fait qualifiable de ce même type de réserve d'eau motivée par un désaccord idéologique (religieux plutôt) sur le modèle économique agricole de ces « bassines » à Cramchaban (17) le 6 novembre 2021 :

Pour plus de détails, voir :
https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/la-rochelle-17000/la-rochelle-deux-militants-juges-pour-la-destruction-d-une-bassine-b813a66a-8d1a-11ed-8e30-162c8e51c813


« Quand on sait, ça évite de réfléchir ! » (aphorisme prêté à "Les Soulèvements de la Terre")

Plutôt que de détruire, n'aurait-il pas été intelligent de militer pour que ces surfaces prélevées sur la superficie agricole soit couverte de panneaux photovoltaïques flottants qui auraient non seulement produit de l'électricité sans oblitérer encore d'autres superficies agricoles mais en plus auraient limité l'évaporation de l'eau tout en la conservant en meilleure qualité ? A l'image de ce qui a été installé à Piolenc (84), nous n'avons sans doute pas tous les mêmes points de vue sur l'intelligence :

Et certaines propositions laissent sans voix... ou sans voix suivant les circonstances :



En 2011, Thierry LABROSSE remporta le Concours Lépine avec ses Réservoirs d'Eau Enterrés Pleins de Sable = REEPS de son invention. Récupérée des toitures, l'eau de pluie filtrée est introduite par gravité naturelle dans des réservoirs souterrains simplement bâchés et initialement remplis de sable, dont les interstices empêchent le développement bactérien dans l'eau conservée, laquelle ne s'évapore pas et ne reçoit pas d'autre pollution que celle qui n'a pas été filtrée à l'alimentation :




Une partie de l'eau ainsi stockée à Madagascar alimente au goutte-à-goutte une agriculture vivrière, et autonomise la perfusion alimentaire sous laquelle une partie des habitants de cette île se trouve réduite du fait des changements climatiques.

Le stockage souterrain des nappes d'eaux, naturel ou artificiel (comme le réservoir de Montsouris à Paris par exemple) limite grandement l'évaporation et la prolifération des moustiques (qui interviennent dans la mort d'un million de personnes par an dans le monde par les maladies qu'ils transmettent) et, s'ils sont artificiels, peuvent être relativement contrôlés au plan des pollutions dont ils pourraient être les cibles :


Ces questions ont motivé le choix, par la municipalité de Beaumont d'Ardèche, de réaliser une nappe phréatique artificielle de 600 m3 permettant de stocker de 2 à 300 m3 d'eau suivant le principe mis au point et développé à Madagascar par Thierry Labrosse mais ici avec du pouzzolane (rincé) d'extraction locale dans les coulées des anciens volcans ardéchois :

Etat en mai 2022 avant le raccordement au réseau public d'Aduction en Eau Potable (AEP) en juin 2022 via la station de chloration :

L'ensemble a coûté environ 84.000 euros financés à 50% par l'Etat et le Conseil Départemental d'Ardèche.
Pour plus de détails, voir :
https://www.lemoniteur.fr/article/reseaux-une-nappe-phreatique-artificielle-pour-resister-a-la-secheresse.2218707

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Vous pouvez continuer à voir comment protéger nos actuelles habitations et lieux de vie existants de l'inéluctable augmentation de la chaleur estivale à venir, pour maintenir notre perception personnelle du confort avec des moyens individuels, avec des moyens économes en énergie comme en finances.
Protéger en été sans pour autant réduire les apports solaires hivernaux qui nous sont utiles pour diminuer nos factures énergétiques et financières.

1) renvoyer le maximum de lumière hors de l'atmosphère terrestre


2) protéger ses espaces de vie du soleil direct d'été tout en bénéficiant de celui d'hiver en créant des espaces tampons périphériques utilisables (= terrasse d'été ou d'hiver y compris en toiture) ou non utilisables (= doubles-peaux verticales ou horizontales en toiture) :


3) assurer le rafraîchissement nocturne par la ventilation naturelle (ou assistée par un extracteur en toiture au fonctionnement programmable par une simple prise avec horloge)


4) climatiser "naturellement" = en réduisant la consommation énergétique :


5) stocker la (de plus en plus rare) eau de pluie pour ralentir le cycle de l'eau (les stockages d'eau de pluie ne sont pas concernés par les A.P. d'interdiction d'arrosage en cas de Crise)


6) capturer la (de plus en plus rare) eau de pluie ou plutôt d'orage une fois qu'on sait la stocker


7) produire localement de l'électricité sans avoir besoin d'une source froide = PHOTOVOLTAÏQUE DOMESTIQUE D'AUTOCONSOMMATION !

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