"LA CULTURE EN PARTAGE" avec
Frédéric MORIN architecte-conférencier

Voici une partie du diaporama proposé par Frédéric Morin, architecte-conférencier, sur l'histoire de la fluidité des espaces entre dedans et dehors, ou « à la fois dedans et dehors », avec l'architecture contemporaine depuis 1980 jusqu'à nos jours :

En théâtralisant les tensions entre la forme et la fonction, entre l'intérieur et l'extérieur, la fluidité spatiale est un outil majeur du sens (= sémantique) de l'architecture comme de son adaptation bioclimatique.


En effet, les architectes peuvent apporter des réponses novatrices aux enjeux climatiques qui vont marquer les décennies à venir. Avec des températures de plus en plus élevées et un climat globalement plus continental, comment assurer le confort tout en diminuant le coût énergétique d'exploitation des espaces de la vie des humains toujours plus nombreux ?
Par exemple en privilégiant un espace intermédiaire entre les espaces intérieurs et extérieurs : « entre dedans et dehors ». L'art de construire ne serait pas seulement des volumes fermés (le « plein ») mais résiderait aussi dans la manière de ne pas fermer l’espace : les loggia, terrasses, patios, auvents et galeries couvertes... bien souvent pour mieux jouer avec l'eau et bénéficier de la fraîcheur qu'elle apporte.


Plutôt que des barrières étanches, les parois deviennent des filtres qu'il faut accumuler, et entre lesquels nous habitons, et vivons mieux. Aujourd'hui les techniques et les matériaux ont évolué d'une manière telle que ces beautés prouvent leur efficacité lorsqu'elles sont pratiquées. Mais ici il s'agit de simplicité et d'ingéniosité...
À différents niveaux la beauté du lieu est réelle !
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La fluidité des espaces entre dedans et dehors, ou « à la fois dedans et dehors », avec la maison d'habitation White Cave House à Kanazawa par Takuro Yamamoto en 2013 :

L'essentiel de la magnifique iconographie de cette page est due aux photographies et plans mis en ligne sur la page d'ArchDaily à l'adresse suivante :
https://www.archdaily.com/412668/white-cave-house-takuro-yamamoto-architects .
Il est exceptionnel de pouvoir consulter une documentation aussi belle et complète sur un édifice aussi imaginatif réalisé ; cet engagement-là valorise également la démarche des architectes et de leur client renouvelant l'approche des maisons à cours en milieu urbain.

Bien que notablement beaucoup plus pluvieux, le climat de Kanazawa (36°N) au Nord de Tokyo (35°N) est assez comparable avec ce que nous connaissons en Europe. L'amplitude des records est de -10° à +38°C = 48°C ce qui n'est pas excessif. Suivant les altitudes précises qui s'étagent entre le niveau de la mer et les hauteur des Alpes japonaises, la moyenne des températures hautes varie entre 7° et 31°C ; celle des température basses reste sous 4°C pendant 4 mois de décembre à mars, mais aucun mois sous zéro.
L'importante pluviométrie annuelle varie autour de 2,40m, elle est répartie sur l'ensemble de l'année y compris en hiver, ce qui fait qu'une quantité importante de neige est mesurée chaque année :

La maison White Cave livrée par Takuro Yamamoto en 2013 tient précisément compte de cette question de la neige qui participe à son design, au sens de la conception du parti architectural. La demande incluait un garage pour deux voitures à l'abri de la neige, une cour intérieure dont on puisse évacuer la neige, une cour et une terrasse intimes protégées du regard des voisins mais offrant des vues de grande qualité, le tout avec un budget limité dans un environnement déjà densément construit (997 habitants par km²).
La maison composée par Yamamoto est posée comme un objet insolite au milieu de son environnement et n'a pas vocation à s'intégrer dans celui-ci. Mais imagine-t-on demander à un Picasso de s'intégrer parmi les autres toiles d'une exposition ? :

La maison comporte deux étages et deux cours, l'une de plain-pied au rez-de-chaussée en prolongement coudé du garage couvert des voitures, l'autre en haut à l'étage, recouvrant une partie du séjour et de l'abri des voitures :

Les plans et coupes ou sections montrent des espaces intérieurs repoussés en périphérie : le creux est au coeur de la maison ; c'est sur ces espaces intérieurs découverts que s'ouvrent les pièces :

La différence d'aspect entre le jour, le jour tombant et la nuit et illustre à merveille la continuité spatiale entre l'intérieur des pièces de vie et l'intérieur de la cour :

La cour du rez-de-chaussée est baignée de lumière réfléchie par son haut mur d'enceinte au Nord. Cette double hauteur a-t-elle une autre fonction que de renvoyer plus de lumière à l'intérieur des pièces de vie ? Le jeu de la volumétrie composée par Yamamoto est particulièrement réussi :

La cour haute ou terrasse est également entourée de hauts murs soigneusement composés ; elle offre une particularité rare : son sol est recouvert d'un film d'eau dont la surface reflète le ciel. La ligne d'horizon (un horizon intérieur) constitue l'axe d'une symétrie non pas droite/gauche mais haut-bas ou ciel/terre. La chambre des maîtres de maison est implantée dans l'angle nord au-dessus du garage :

Cette terrasse est-elle habituellement utilisée autrement que comme un magnifique tableau admiré depuis la porte-fenêtre du sommet de l'escalier ? Ce tableau-là n'est-il pas comparable à la vue sur un beau paysage ou un panorama, "dans lequel" on ne peut de toutes façons pas "rentrer" ? Ce tableau-là n'a-t-il pas des qualités esthétiques (choisies) préférées par les maîtres de maison aux caractéristiques esthétiques (subies) des façades des autres maison environnantes ? :

Les fenêtres des chambres et pièces de l'étages sont organisées de manière à apporter de la lumière à l'intérieur mais aussi quelques vues depuis l'intérieur :

De manière paradoxale, le "minimalisme" dont on qualifie volontiers, et sans y bien penser, l'architecture de Yamamoto et d'autres architectes japonais, consiste souvent à maximiser le plaisir pris par exemple non limitatif à admirer les variations de lumière sur des plans, ici des plans d'eau aussi, plutôt que des environnements urbains sur-densifiés.
Yamamoto n'offre-il pas à son client une réelle beauté ?

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