Voici une partie du diaporama proposé par Frédéric Morin, architecte-conférencier, sur l'histoire de
la capacité des maisons modernes puis contemporaines de faire face au réchauffement climatique, par
la fluidité des espaces entre dedans et dehors, ou « à la fois dedans et dehors », depuis 1900
jusqu'à nos jours :
complété et mis à jour le 4 octobre 2023
Comme pour beaucoup d'objets de la vie quotidienne, l'architecture apporte une solution au conflit
entre la forme et la fonction : la fonction dicte-elle nécessairement la forme, ou bien
la forme impose-t-elle ses contraintes à la fonction ?
Du fait que l'on vit « dans » l'architecture, ce conflit s'exprime également entre l'intérieur et
l'extérieur : les formes intérieures dictent-elles les formes extérieures, ou bien la composition
des extérieurs (les façades) dicte-t-elle les arrangements intérieurs ?
En théâtralisant les tensions entre la forme et la fonction, entre l'intérieur et l'extérieur,
la fluidité spatiale est un outil majeur du sens (= sémantique) de l'architecture en apportant
des solutions novatrices pour une belle architecture bioclimatique :
En effet, les réalisations modernes ou contemporaines de quelques architectes indiscutablement connus
tels que Frank Lloyd Wright (1867-1959), Le Corbusier (1887-1965), Louis I. Kahn (1901-1974) ou
Oscar Niemeyer (1907-2012) éclairent
d'un jour nouveau les réponses que les architectes peuvent apporter aux enjeux climatiques qui vont
marquer les décennies à venir. Avec des températures de plus en plus élevées et un climat
globalement plus continental, comment assurer le confort tout en diminuant le coût énergétique
d'exploitation des espaces de la vie des humains toujours plus nombreux ?
Ces architectes remarquables privilégient un espace intermédiaire entre les espaces intérieurs et
extérieurs : « entre dedans et dehors ». L'aboutissement de leur art ne serait pas la seule
conception des volumes construits (le « plein ») mais résiderait aussi dans la manière de
ne pas fermer l’espace. D'organiser l'usage de la pierre (et des autres matériaux solides de
construction que sont le béton, le métal, la brique, le bois et leurs dérivés) en combinaison
avec l'eau et l'air pour lutter contre le feu du soleil. Pour exploiter la capacité rafraîchissante
de l'eau s'évaporant puis faire circuler l'air qui transporte cette fraîcheur bienfaitrice.
Plutôt que barrières étanches, les parois deviennent des filtres qu'il faut accumuler,
et entre lesquels on vit.
Nous verrons ensemble comment ces architectes ont fait circuler l'air et la fraîcheur, apporté la lumière et
l'ombre naturelles dans les habitations... sans sacrifier l'esthétique sur l'autel de l'efficacité thermique.
Si certaines de ces constructions ont souffert des imperfections de leur réalisation à l'époque
de leur construction jusqu'en 1990, aujourd'hui les techniques et les matériaux ont évolué d'une
manière telle que ces beautés prouvent leur efficacité lorsqu'elles sont restaurées en perspective de leur
inscription sur la Liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO et/ou leur tranformation en musée pour
beaucoup d'entre-elles.
À différents niveaux leurs beautés sont réelles !
La fluidité climatique des espaces entre dedans et dehors, ou « à la fois dedans et dehors », avec les
maisons iconiques d'architecture moderne depuis 1900 jusqu'à nos jours :
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LIMINAIRE :
Ces réalisations exemplaires apparaissent luxueuses aux yeux de certains, et certaines le sont indiscutablement,
notamment celles de John Lautner. Beaucoup des plus anciennes sont ouvertes au public, transformées en musées parce
qu'elles constituent
des témoins essentiels des différents trajets de l'humanité vers un monde meilleur : leurs commanditaires avaient,
consciemment ou non, ce projet. Tous n'avaient pas des moyens financiers considérables qui vont parfois avec, par
exemple les Chace (Schindler-1922), les Jacobs (Wright-1948-solar), les Weiss (Kahn-1950), Margaret Esherick (Kahn-1961),
les Fisher (Kahn-1967)...
Plus récemment, l'habitat d'urgence pour les victimes des tremblements de terre de Constitucion au Chili proposé par le
Pritzker-2016 Alejandro Aravena (des demi-maisons de 40m² augmentables à 80m² en auto-construction) a été
livré pour 87 USD du mètre-carré incluant l'isolation du total possible et les chauffe-eaux solaires...
Chaque demi-maison a été conçue comme si elle faisait partie d'une maison à revenu intermédiaire, avec des chambres
spacieuses et des installations de bonne qualité (bien que quantitativement limitées). Chacune avait le potentiel de
devenir une maison familiale généreuse. Au fur et à mesure que les résidents emménageaient, ils pouvaient prendre ces
espaces généreux et adapter la structure à leurs besoins, en personnalisant leur espace à leurs propres frais et
travail - ajoutant de la couleur, de la texture et de la vie. Grâce à ce processus, non seulement les logements ont
augmenté en taille et en valeur, mais les résidents ont également développé un sentiment de fierté, de propriété et
d'appartenance à leur maison. Avec des maisons généreuses et personnalisables et un emplacement enviable, chaque
logement a plus que doublé de valeur en l'espace d'une année. Pour les familles dans le besoin, cela signifie qu'une
subvention gouvernementale modeste pourrait alors conduire à un véritable tournant pour sortir de la pauvreté.
Aucune indication n'est connue sur Gnana Illam, qui semble un rural indien dont Noel Jerald a composé l'habitat
vernaculaire bioclimatique en blocs de terre stabilisée avec 5% de ciment, briques sans cuisson donc...
Indépendamment de ces aspects techniques écologiques, ces maisons témoignent toutes d'une ingéniosité qui renouvelle
les perspectives de la construction traditionnelle dans le sens d'une meilleure adaptation, progressive, au climat.
Adaptation non pas par la technologie mais par le positionnement dans le site, par les dispositions des espaces et de
leurs isages et par le contrôle des relations entre l'intérieur et l'extérieur, l'organisation de la fluidité spatiale.
Une relation entre des espaces, ce n'est pas des billets de banque, c'est de l'ingéniosité, et ça n'a pas de prix.
Mais ça augmente l'efficacité des techniques écologiques d'isolation (double-vitrage par exemple) et réduit le coût
d'exploitation des technologies de chauffage et climatisation (pompe à chaleur réversible et ventilation double-flux
par exemple).
« -À- » .
Plus récemment, l'habitat d'urgence pour les victimes des tremblements de terre de Constitucion au Chili proposé par le Pritzker-2016 Alejandro Aravena (des demi-maisons de 40m² augmentables à 80m² en auto-construction) a été livré pour 87 USD du mètre-carré incluant l'isolation du total possible et les chauffe-eaux solaires...
Chaque demi-maison a été conçue comme si elle faisait partie d'une maison à revenu intermédiaire, avec des chambres spacieuses et des installations de bonne qualité (bien que quantitativement limitées). Chacune avait le potentiel de devenir une maison familiale généreuse. Au fur et à mesure que les résidents emménageaient, ils pouvaient prendre ces espaces généreux et adapter la structure à leurs besoins, en personnalisant leur espace à leurs propres frais et travail - ajoutant de la couleur, de la texture et de la vie. Grâce à ce processus, non seulement les logements ont augmenté en taille et en valeur, mais les résidents ont également développé un sentiment de fierté, de propriété et d'appartenance à leur maison. Avec des maisons généreuses et personnalisables et un emplacement enviable, chaque logement a plus que doublé de valeur en l'espace d'une année. Pour les familles dans le besoin, cela signifie qu'une subvention gouvernementale modeste pourrait alors conduire à un véritable tournant pour sortir de la pauvreté.
Aucune indication n'est connue sur Gnana Illam, qui semble un rural indien dont Noel Jerald a composé l'habitat vernaculaire bioclimatique en blocs de terre stabilisée avec 5% de ciment, briques sans cuisson donc...
Une relation entre des espaces, ce n'est pas des billets de banque, c'est de l'ingéniosité, et ça n'a pas de prix. Mais ça augmente l'efficacité des techniques écologiques d'isolation (double-vitrage par exemple) et réduit le coût d'exploitation des technologies de chauffage et climatisation (pompe à chaleur réversible et ventilation double-flux par exemple).
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