"LA CULTURE EN PARTAGE" avec
Frédéric MORIN architecte-conférencier

Voici une partie du diaporama proposé par Frédéric Morin, architecte-conférencier, pour préparer l'adaptation de nos habitats face au réchauffement climatique, par des espaces adaptés et un intelligent usage de l'eau.

Ces architectures traditionnelles peuvent inspirer nos choix face aux enjeux climatiques qui vont marquer les décennies à venir. Avec des températures de plus en plus élevées et un climat globalement plus continental, comment assurer le confort tout en diminuant le coût énergétique d'exploitation des espaces de la vie des humains toujours plus nombreux ?



Dans ces régions, le rapport entre l'intérieur et l'extérieur des constructions est modelé par l'exceptionnelle dureté des condidions climatiques, sur les plateaux d'altitude généralement supérieure à 1.000 mètres. À Tabriz au Nord de l'Iran, (entre 1.350 et 1.600m d'altitude, amplitude thermique de -30° à +42°C) la moyenne des températures hautes ne dépasse 30°C que pendant 2 mois de juillet et d'août grâce à l'altitude, alors que la moyenne des températures basse descend sous 5°C durant 5 mois de novembre à mars, dont 3 mois largement sous zéro. La pluviométrie annuelle parvient à atteindre 32 cm ! (par comparaison, cette pluviométrie est supérieure à 76 cm à Nîmes où il fait aussi chaud en été mais très largement moins froid en hiver).

Si l'on considère que les constructions humaines, l'architecture, constituent un vêtement complémentaire externe dans lequel nous pouvons bouger --le chauffage nous permet de traverser l'hiver en débardeur et la climatisation de conserver notre complet-veston en plein été-- alors dans ces régions désertiques l'architecture règle non seulement le rapport entre l'intérieur et l'extérieur mais aussi celui entre dessus le sol et dessous le sol, entre « en surface » et « sous-terre », ou encore entre « dans le magasin » et « dans la rue ». Les espaces urbains sont donc traités.



Au cours des siècles, d'ingénieux dispositifs techniques et des espaces particuliers ont été développés et permettent de vivre (frugalement) dans des régions particulièrement inhospitalières suivant nos critères européens. Nous allons voir ensemble comment, avec des matériaux limités à la brique, l'adobe et aussi peu de bois que possible, la tradition a mis au point des espaces et des techniques ingénieux, très simples et durables, pour vivre dans des conditions climatiques extrêmes.



La pierre est chère ; la construction traditionnelle lui préfère la brique cuite ou même crue, stabilisée sous la forme d'adobe. La brique permet de couvrir des pièces avec des voûtes et des coupoles que l'on sait construire sans coffrage de bois, donc la ressource est rare dans les régions désertiques.

Tabriz – Grand Bazaar ou souks du XIIe siècle, reconstruits sous le premier roi kadjar, Agha Mohammad Shah (1742-1797), à l'issue de sa destruction par un violent tremblement de terre en 1778, plus précisément par le régent Karim Khan Zand (1760-1779) :

Les souks et bazaars résultent à la fois d'une organisation corporatiste des différents corps de métiers et d'une identification spatiale dans l'urbanisme d'une ville, par la construction d'un ensemble qui collectivise la couverture des rues par exemple. A Tabriz, le Grand Bazar a été récemment réhabilité concomitamment avec le classement UNESCO en 2010 et le Prix Aga Khan d'Architecture en 2013, dont le souk au tapis Timcheh Mozaffariyeh de 1905 a particulièrement profité :

La couverture des rues permet d'y étaler la marchandise à l'abri des excès du soleil ou du froid, voire de la pluie lorsque le ciel en dispose. Les fenêtres des coupoles éclairent les espaces sans dépense excessive et évacuent gratuitement, par thermosiphon, la chaleur en cas de besoin. L'intérieur de chaque boutique peut se réduire à la réserve du magasin, dans un esprit assez différent de celui des galeries marchandes de nos hypermarchés climatisés :

Les parties anciennes du Grand Bazar de Tabriz offrent des voûtes et coupoles de brique construites sans coffrage ; leurs arcs de soutien ayant été édifiés en premier sur un simple cintre :

Tabriz – Grand Bazar 1778 parties anciennes aux voutes et coupoles de brique construites sans coffrage

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