"LA CULTURE EN PARTAGE" avec
Frédéric MORIN architecte-conférencier

Archéologie, Histoires d'Architectures

allers et retours vers St-Jacques de Compostelle
les pèlerinages de
l'architecture romane primitive

Voici le diaporama projeté par Frédéric Morin, architecte-conférencier, sur l'histoire de l'architecture chrétienne le long des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, dessinant l'évolution des techniques de construction depuis l'Antiquité romaine jusqu'au XVIe siècle :

conference 2019 histoire de l'architecture chrétienne le long des chemins de Saint-Jacques de Compostelle

Première architecture romane le long des chemins de Saint-Jacques de Compostelle ; l'évolution des techniques de construction entre l'An Mille et 1050 :
Note importante : la plus grande partie des plans et dessins de ces pages sont ceux de Philippe GAVET, documents qu'il a généreusement mis en ligne sur son site internet « Si l'Art m'était conté » à l'adresse :
https://www.philippe-gavet.eu/philippe-gavet/
dont je recommande la consultation attentive.


Reims (51) basilique Saint-Rémi fondée par saint Rémi (v. 437-533) et construite entre 1015 et 1049 par l'abbé Thierry sur le lieu du baptème de Clovis, roi des Francs, entre 496 et 506 (Clotide, la seconde épouse de Clovis, était déjà chrétienne) :


architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - façade ouest

architecture romane primitive - Reims (51) vers 496-506, saint Rémi baptise Clovis avec la Saint-Ampoule - ivoire du 9e siècle

architecture romane primitive - Reims (51) vers 496-506, saint Rémi baptise Clovis avec la Saint-Ampoule - enluminure du 15e siècle

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - côté sud avec les arcs-boutants gothiques pour les voûtes sur croisées d'ogives plus tardives

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - côté sud avec les contreforts du premier roman charpenté entre les arcs-boutants gothiques pour les voûtes sur croisées d'ogives plus tardives

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - succession des plans de 533 à 1215 par Philippe Gavet

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - plan vers 1200 par Philippe Gavet

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - sections Philippe Gavet

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - élévation romane de la nef, sous le voûtement sur croisée d'ogives gothique du 12ème siècle

architecture romane primitive - Reims (51) basilique Saint-Rémi - le choeur gothique aux croisées d'ogives du 12ème siècle (1175-1195)

Tournus (71) abbatiale Saint-Philibert érigée de 960 → 1120 :

Initialement les reste de saint Valérien (178) furent inhumés sur place dans l'abbaye dédicataire fondée en 854. En 875, cette abbaye est donnée par Charles II le Chauve (petit-fils de Charlemagne) aux moines bénédictins chassés de Noirmoutiers par les Normands en 836. Leurs reliques de saint Philibert seront transférées vers 875. Les Hongrois brûlent l'abbaye en 937 et il faut la reconstruire...
Complexe, et apprès une lecture attentive de Philippe Gavet à l'adresse : https://www.philippe-gavet.eu/philippe-gavet/06/15/index.php (mais pas seulement...), la chronologie de l'édifice que nous pouvons voir aujourd'hui s'établirait comme suit :
De 960 à 980 : abbatiat d'Etienne de Tournus : sa construction de la crypte est terminée en 875-878, son bloc de façade occidental ou narthex se limite au rez-de-chaussée à sa mort en 980 et sera poursuivie par l'abbé Wago qui réalisera l'étage terminé avant l'An Mille.
Les reliques de saint Valérien sont intallées dans la crypte d'Etienne en 979.
De 980 à 1008, abbatiat de Wago qui termine l'étage du bloc de façade occidental façon Westwerk germanique vers 1000, devenu l'église haute Saint-Michel avec deux tours occidentales. La haute voûte de la nef est épaulée par les demi-berceaux des bas-côtés, habile solution sera adoptée un siècle plus tard notamment à Conques et à Toulouse, également par les Cisterciens provençaux.
Un incendie détruit l'étroite nef charpentée et les parties charpentées du choeur en 1008.
De 1008 à 1028, abbatiat de Bernier qui reconstruit la nef élargie sur de fortes piles maçonnées, et voûte d'arêtes les bas-côtés à bonne hauteur des fenêtres orientales de l'étage du bloc de façade, qui peut donc fonctionner comme une salle impériale carolingienne germanique. La nef reste provisoirement charpentée car la hauteur est impressionnante...
De 1028 à 1056, Ardain de Tournus est élu abbé de Tournus. Il fait voûter la nef avec des berceaux transversaux qui n'exercent pas de poussée sur les collatéraux = bas-côtés et facilitent les fenêtres hautes illuminant la nef. Une solution trop en avance sur son temps, qui n'a pas fait école...
Ardain voûte également les croisillons des transepts.
De 1114 à 1125, abbatiat de Francon de Rouzay qui reprend le sanctuaire à partir de la croisée de transept sur laquelle il établit une coupole sur trompes de belle facture (et la tour qui la surmonte). Il reconstruit le déambulatoire au-dessus de la crypte d'Etienne et y installe des mosaïques, et il rehausse d'un clocher la tour nord du bloc de façade occidental :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - vue aérienne générale

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - bloc de façade ouest : en bas la construction d'Etienne de 960 à 980, au-dessus les 2 étages à bandes lombardes et lésènes et leurs tours de l'abbé Wago de 980 à 1000

De 960 à 980, l'abbé Etienne de Tournus construit la crypte, elle est terminée entre 875 et 878. Les colonnes sont des remplois d'antiques de même que les chapiteaux et les voûtes sont très grossièrement coffrées sur des planches non cintrées. L'ensemble décrit bien l'état des techniques de construction de l'époque préromane adaptées à un lieu et un moment où l'exigence de la Foi prédomine sur la munificence :


architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - crypte d'Etienne 960→980 - vue axiale depuis le déambulatoire oriental

architecture pré-romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - crypte d'Etienne 960→980 - section axiale du choeur par Philippe Gavet

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - crypte d'Etienne 960→980 - le déambulatoire oriental de la crypte porte le déambulatoire de l'abside du chcoeur

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - crypte d'Etienne 960→980 - vue axiale depuis le déambulatoire oriental

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - crypte d'Etienne 960→980 - les voûtes d'arêtes portant le sol du choeur sont très rustiques

De 960 à 980, à l'extrémité occidentale de sa nef assez étroite aux petites piles cylindriques maçonnées, l'abbé Etienne de Tournus entreprend également la construction du bloc de façade occidental, prévoyant une salle impériale à l'étage dans la mode germanique carolingienne. Il érige le rez-de-chaussée dont l'élévation se caractérise par des assises de pierre blanche alternant avec la pierre rouge, dans l'esprit des constructions de la même congrégation à Saint-Philibert de Grandlieu (44) par exemple. Cette base sert de narthex comme dans les blocs de façade (Westwerk) de l'abbaye de Corvey-sur-la-Weser (D) par exemple (822-844, bénédictine elle-aussi) ou Saint-Pantaléon de Cologne (957-980 sous l'impératrice Théophane). Etienne meurt en 980-981 et son oeuvre sera poursuivie par l'abbé Wago qui terminera la chapelle St-Michel de l'étage avant l'An Mille :


architecture carolingienne - Corvey-sur-la-Weser (D) - westwerk 822→844 = bloc de façade occidental avec narthex surmonté d'une salle impériale ouvrant sur la nef

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - plan général par Philippe Gavet

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - le mur de jonction entre le narthex à gauche et la nef à droite

La conception d'Etienne offre une nef centrale voûtée d'arêtes, efficacement contrebuttée par des collatéraux voûtés de berceaux transversaux. Cette architecture avait été mise en oeuvre pour la basilique civile de Maxence puis Constantin à Rome en 312. Ici les voûtements portent le même plancher à l'étage ; ils sont donc établis à la même hauteur :


architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - la travée centrale est voûtée d'arêtes, les collatéraux sont voûtés en travers pour assurer la meilleure reprise des poussées : disposition semblable à celle de la basilique de Constantin à Rome (315)

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - la travée centrale est voûtée d'arêtes, les collatéraux sont voûtés en travers pour assurer la meilleure reprise des poussées : disposition semblable à celle de la basilique de Constantin à Rome (315)

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - vue depuis le narthex sur la nef à gauche et le bas-côté sud à droite

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 - plan général par Philippe Gavet - à gauche la chapelle St-Michel de l'étage reprend le plan du narthex au rez-de-chaussée

architecture préromane- Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 et chapelle haute de Wago 980→1000 - section transversale d'ensemble des deux étages du bloc de façade occidental : la descente des charges est très bien organisée

architecture préromane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - narthex d'Etienne 960→980 et chapelle haute de Wago 980→1000 - section transversale par Philippe Gavet et comparaison avec l'église de Chapaize voisine

La salle haute du bloc de façade occidental conçue par Etienne a été réalisée par son successeur l'abbé Wago, entre 980 et 1000. Elle offre une nef centrale voûtée d'un long berceau très haut, dont les poussées sont efficacement contrebuttées par le poids des deux tours de façade occidentale et contenues par des tirants de bois dans la partie orientale. La stabilité est assurée par des collatéraux ou bas-côtés voûtés de demi-berceaux qui transmettent efficacement les poussées réparties sur l'ensemble du mur, jouant ainsi le même rôle des arcs-boutants de l'architecture gothique. Les fenêtres orientales de cette salle haute ouvrent sur la nef et ses bas-côtés de l'abbatiale, juste sous les voûtes de celle-ci :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la nef haute de St-Michel et son bas-côté sud vus vers l'Est, avec sa fenêtre géminée ouvrant sur l'église abbatiale en contrebas

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la nef haute de St-Michel vue vers l'Est, avec sa fenêtre ouvrant sur l'église abbatiale en contrebas. Des tirants en bois réduisent les poussées déversantes du berceau

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la nef haute de St-Michel et son bas-côté nord vus vers l'Est, avec sa fenêtre géminée ouvrant sur l'église abbatiale en contrebas

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - bas-côté nord vu vers l'Est, avec sa fenêtre géminée ouvrant sur l'église abbatiale en contrebas. Le demi-berceau contrebutte efficacement les poussées continues de la voûte de la nef, et préfigure un arc-boutant localisé de l'architecture gothique

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - bas-côté nord vu vers l'Est, détail du demi-berceau. Les mouvements dessisnés par la disposition des pierres = son appareillage montre que cette voûte a pu être consruite sans coffrage, à l'aide d'un simple guide de forme, à l'instar des réalisations orientales ou méridionnales tradionnelles

réalisation traditionnelle sans coffrage d'une coupole en briques crues

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la nef haute de St-Michel et son bas-côté sud vus vers l'Ouest, avec la fenêtre basse ouvrant dans la façade occidentale vers le soleil couchant

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - le bas-côté sud et sa tour vus vers l'Ouest, avec ses fenêtres hautes ouvrant dans la façade occidentale vers le soleil couchant

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la tour sud du bloc de façade vue vers l'Ouest : les nombreuses fenêtres, 10 au total, indiquent que l'étage supérieur était planchéié au niveau de la corniche et non pas voûté à partir de celui-ci

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - la haute nef du bloc de façade vue vers l'Ouest et son voûtement entre les deux tours occidentales

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - le voûtement de la haute nef du bloc de façade a lui-aussi pu être réalisé quasiment sans coffrage, avec un cintre extrèmement sommaire

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - maintenu par des tirants en bois là où le poids des tours occidentales ne joue plus, le voûtement de la haute nef du bloc de façade a lui-aussi pu être réalisé quasiment sans coffrage, avec un cintre extrèmement sommaire

Les façades de la salle haute du bloc de façade occidental sont réalisées par l'abbé Wago en pierre rouge homogène, rompant avec l'alternance des couleurs de la partie basse d'Etienne. Les murs montrent également la régularité des trous de boulins, vestiges des échaffaudages de bois montés en même temps que les murs. Ces façades sont également agrémentées de bandes lombardes (horizontales) et lésènes (verticales) qui deviendront typiques de l'architecture romane méridionale. Dans la partie basse de l'abbé Wago, la structure du mur et le rythme des lésène suit ce qui avait été commencé par l'abbé Etienne au-dessus de son narthex. Mais Wago a sans doute initié le parti novateur de voûtement de sa chapelle haute St-Michel, dont seul le dessin du dernier niveau supérieur de lésènes et bandes lombardes rend compte en façade :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - façade occidentale et son décor raidisseur des murs de lésènes verticales et de bandes lombardes horizontales

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - vue générale du bloc de façade et de la tour couronnant la croisée de transept

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - façade sud montrant les fenêtres hautes de la tour et de la nef de St-Michel

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - chapelle haute de Wago 980→1000 - façades sud et est montrant les fenêtres hautes de la tour sud et de la nef de St-Michel devant le clocher nord, et la première fenêtre de la nef de Bernier 1008-1019

En 1008 à la fin de l'abbatiat de Wago, un incendie détruit la nef et le chevet charpentés construits par Etienne avant 980. Sur ce cliché de la façade orientale du bloc de façade, à l'intérieur de l'église, on distingue trois des quatre piliers cylindriques de petite section et de petite hauteur, vestiges de la nef construite par Etienne et dont la charpente a brûlé en 1008 :
architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - de part et d'autre des ouvertures du narthex d'Etienne 960→980 qui a résisté à l'incendie de 1008, on distingue les petits piliers cylindriques vestiges de la nef d'Etienne
L'abbé Bernier entreprend de relever les ruines de l'église, alors que la construction du narthex a entièrement résisté à l'incendie du fait que sa toiture ne comportait pas de bois. Le plan de sa nef, plus large que celle d'Etienne, fait la jonction entre les parties conservées du narthex d'une part et celles du chevet et de sa crypte d'autre part :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - bas-côtés de l'abbatiale de Bernier 1008-1019, plan Philippe Gavet

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - bas-côtés de l'abbatiale de Bernier 1008-1019, sections Philippe Gavet

Bernier installe de grosses piles maçonnées destinées à stabiliser la future nef et compose les bas-côtés à une hauteur suffisamment élevée pour que les fenêtres de Saint-Michel à l'Ouest donnent effectivement sur l'intérieur de l'église. Les voûtes d'arêtes des collatéraux nord et sud sont donc établies à 12,5 mètres sous clef ; leurs sections transversales montrent une pente descendante vers l'extérieur qui favorise la descente des charges. Au moment de la consécration de 1019, la nef n'est pas encore voûtée mais simplement charpentée :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - culminant à plus de 12 mètres, le bas-côté sud de Bernier est voûté d'arêtes (1008→1019) devant les fenêtres du narthex d'Etienne 960→980 qui a résisté à l'incendie de 1008

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - vus depuis les fenêtres sud du bloc d'entrée occidental, la nef à gauche voûtée par Ardain et le bas-côté sud de Bernier, voûté d'arêtes à plus de 12 mètres de haut

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - vues depuis les fenêtres sud du bloc d'entrée occidental, les voûtes d'arêtes du bas-côté de Bernier (1008→1019) montrent une pente descendante vers les fenêtres extérieures

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - les bas-côté de Bernier (1008→1019) montrent un bel élancement et une belle lumière apportée par les fenêtres installées au-dessus de la galerie du cloître au Sud

En 1028, Ardain est élu abbé de Tournus. Il prend la décision de voûter la nef jusqu'alors simplement charpentée, et choisira avec une grande intelligence le parti de cinq berceaux transversaux plutôt qu'un long berceau longitudinal comme dans l'église haute St-Michel du bloc de façade occidental. En effet, la hauteur sous clef approche 19 mètres et la portée 6,50 mètres, ce qui finit par faire beaucoup pour l'époque. Ces berceaux transversaux reposent sur des arcs diaphragmes lancés en travers de la nef à l'instar des arcs qui supportent les charpentes des édifices catalan ou aquitains. La comparaison des appareils de ces arcs, intégrant pour la partie occidentale des pierres rouges alternant avec le calcaire blanc, indique qu'ils ont été établis d'Ouest en Est.
Ces voûtes transversales ne pèsent ni ne poussent sur les murs gouttereaux sud et nord et favorisent donc l'ouverture de grandes fenêtres hautes dans la nef, ce que l'architecture gothique recherchera plus d'un siècle plus tard. Il faudra attendre les années 1070-1125 à l'Abbaye aux Dames de Caen (voûtes d'arêtes à 14m sous clef) et 1085-1125 à l'Abbaye aux Hommes voisine pour atteindre 21m sous clef (voûtes sexpartites),6 puis 1110 pour atteindre 22m sous la clef du berceau longitudinal (portée 6m seulement) de Ste-Foy de Conques :


architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - nef de l'abbatiale de Ardain 1030-1050, plan Philippe Gavet

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - nef de l'abbatiale de Ardain 1030-1050, sections Philippe Gavet

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - culminant à plus de 19 mètres, la nef de Ardain est voûtée de 5 berceaux transversaux (1030→1050) laissant la vue à la fenêtre centrale du narthex d'Etienne 960→980 qui a résisté à l'incendie de 1008

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - culminant à plus de 19 mètres, les 5 berceaux transversaux de Ardain (1030→1050) ne déversent pas les murs et favorisent les grandes fenêtres hautes ultérieurement recherchées par les constructeurs gothiques

architecture romane primitive - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - la jonction entre les berceaux transversaux et l'arc triomphal supportant la coupole sur trompes de la croisée de transept édifiée par Francon du Rouzay entre 1100 et 1120

Entre 1100 et 1120 sous l'abbatiat de Francon de Rouzay, le choeur est remis au goût du jour et la croisée de transept reçoit une coupole sur trompes surmontée d'une tour élégante. La nouvelle consécration par le pape Calixte II interviendra en janvier 1120 :


architecture romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - choeur de Francon du Rouzay 1100-1120 à l'intérieur des murs du chevet rayonnant du XIe siècle, plan Philippe Gavet

architecture romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - choeur de Francon du Rouzay 1100-1120 à l'intérieur des murs du chevet rayonnant du XIe siècle, sections Philippe Gavet

architecture romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - croisée de transept et sa coupole sur trompes de Francon du Rouzay 1100-1120 à l'intérieur des murs du chevet rayonnant du XIe siècle

architecture romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - tour de croisée et choeur de Francon du Rouzay 1100-1120 à l'intérieur des murs du chevet rayonnant du XIe siècle

architecture romane - Tournus (71) St-Philibert de 960 → 1120 - choeur de Francon du Rouzay 1100-1120, déambulatoire, mosaïques du début du XIIe siècle

Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030 → 1049) à plan centré sur un modèle proche de celui de la chapelle palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle construite de 792 à 804 :


architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049)  - vue générale de la rotonde

architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049)  - plan

architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049) - vue intérieure de la base du tambour octogonal de la rotonde

architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049) - vue intérieure de l'étage du tambour octogonal de la rotonde

architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049) - vue intérieure de la galerie d'étage du tambour octogonal de la rotonde

architecture romane primitive - Ottmarsheim (68) église Saints-Pierre et Paul (1030-1049) - la coupole octogonale à pans au-dessus du tambour de la rotonde

Neuvy-St-Sépulcre (36) église St-Etienne construite par Eudes de Déols (980-1038) à son retour de pèlerinage à Jérusalem, ce qui explique la ressemblance avec le Saint-Sépulcre originel :

architecture romane primitive - Neuvy-St-Sépulcre (36) St-Etienne vers 1038 - vue générale de la rotonde

architecture romane primitive - Neuvy-St-Sépulcre (36) St-Etienne vers 1038 - plan

architecture romane primitive - Neuvy-St-Sépulcre (36) St-Etienne vers 1038 - depuis la galerie périphérique, la couronne des piliers centraux de la rotonde

architecture romane primitive - Neuvy-St-Sépulcre (36) St-Etienne vers 1038 - la couronne des piliers centraux de la rotonde et son tambour

architecture romane primitive - Neuvy-St-Sépulcre (36) St-Etienne vers 1038 - sous la coupole sur tambour de la rotonde imitant le Saint-Sépulcre

Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra (970-1040) après son 3ème pèlerinage à Jérusalem.
Foulque Nerra est mort à Metz en 1040 au retour de son 4ème voyage à Jérusalem. L'église St-Martin prolonge l'architecture carolingienne avec sa nef charpentée de même que ses transept. La croisée de transept à occulus reçoit une voûte coupoliforme sur pendentif, ornée du dessin de 8 arcs radiaux qui montent dans les angles à partir de 4 chapiteaux sur colonnettes couronnant de fortes colonnes d'angles, une disposition assez fréquente dans ces hautes époques autour de l'An Mille :

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra avant 1040 - vue générale de la façade occidentale

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - vue générale de la nefcharpentée vers la croisée et le choeur

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - plans de la succession des édifices

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - la nef charpentée vue vers le portail occidental

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - la croisée de transept et sa coupole pseudo-nervurée sur pendentifs

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - la croisée de transept et sa coupole pseudo-nervurée sur pendentifs

architecture romane primitive - Angers (49) : St-Martin construite par Foulques Nerra en 1040 - la croisée de transept et sa coupole pseudo-nervurée sur pendentifs

la construction archaïque des coupoles d'après Philippe Gavet :

la construction des coupoles sur pendentifs d'après Philippe Gavet

la construction des coupoles orientales sur pendentifs d'après Philippe Gavet

la construction archaïque des coupoles d'après Philippe Gavet

la construction clunisienne des coupoles à pans sur trompes d'après Philippe Gavet

Proupiary (31) monastère de Bonnefont-en-Comminges en 1167 coupole sur pendentifs de la porterie

Proupiary (31) monastère de Bonnefont en 1167 coffrage de la croisée d'ogives de la coupole sur pendentifs de la porterie

construction d'une coupole sans coffrage en briques crues

Arces-sur-Gironde (17) église St- Martin croisée de transept couverte d'une coupole sur pendentifs sur croisée d'ogives en 1160

architecture romane primitive - Arces-sur-Gironde (17) église St-Martin croisée de transept couverte d'une coupole sur pendentifs sur croisée d'ogives en 1160

architecture gothique - Angers (49) St-Martin choeur gothique couvert de voûtes angevines sur croisées d'ogives en 1200

St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère St-Sépulcre antérieur à l'église romane.
L'église primitive construite entre 1025 et 1045 englobe les maçonneries de la rotonde du baptistère. Au début du XIIe siècle, les transepts nord et sud seront couverts de coupoles sur pendentifs, avant que le choeur gothique ne remplace l'abside romane entre 1150 et 1175 :

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur - vue générale du chevet côté baptistère

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur plan Philippe Gavet

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur - vue côté sud

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 - devant le choeur, la croisée de transept et sa coupole sur tambour et pendentifs

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur - la coupole sur tambour et pendentifs de la croisée de transept

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur - transept sud et sa coupole sur pendentifs

architecture romane primitive - St-Léonard-de-Noblat (79) église de 1025 → 1175 + baptistère antérieur - couronne des piliers à l'intérieur de la rotonde du baptistère

localisation des édifices décrits :


localisation des édifices décrits, en rouge le Camino Frances

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complété et mis à jour le 10 mars 2024
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